lundi 26 avril 2010

Match médiatico-syndical à l'occasion de la réforme des retraites


Lequel de Bernard Thibault ou François Chérèque obtiendra gain de cause sur les retraites ?
Nul ne peut le dire à ce stade du débat. Une chose est certaine, les deux leaders syndicaux ont opté pour une stratégie différente pour se faire entendre des salariés (du public et du privé), et du gouvernement. Au-delà des enjeux propres à la réforme (il faut trouver 40 milliards d'euros d'ici 5 ans pour équilibrer l'ensemble des régimes) se joue un match syndical Thibault/Chérèque sur fond de leadership du paysage syndical national. Décryptage.

Sur le fond d'abord, les patrons de la CGT et de la CFDT ne portent pas le même discours. Thibault ne cesse de tirer à boulets rouges sur une réforme qu'il estime déjà écrite et cherche à peser en mobilisant le plus de monde possible dans la rue. Il dit "niet" à tout recul de l'âge de départ à la retraite ou d'allongement de la durée de cotisation, donnant presque l'impression de nier les causes démographiques du problème, et ne prône qu'une solution en termes de financement supplémentaire. Chérèque est plus souple. Il ne dit non à rien - si ce n'est au recul de l'âge de départ à la retraite - mais fustige une réforme alibi au "calendrier trop court" qui aura comme conséquence de creuser les inégalités. Il est plus dans la proposition que dans la création d'un rapport de force basé sur la dénonciation.

Sur la forme ensuite, leur stratégie est radicalement opposée. Thibault s'expose peu. Il ne court pas les plateaux de TV ou de radio pour faire valoir ses idées. Il se contente, à l'aide de phrases médias bien choisies ("plus de travail, moins d'argent", "conflit inévitable", "recul social" ...), de mettre la pression sur Éric Woerth. Il s'économise, se diversifie peu, cible les mêmes publics contestataires et raréfie sa parole. A l'inverse, Chérèque multiplie les interventions TV (Le Grand Journal de Canal + ...), radio (le Grand Rendez-Vous d'Europe 1 ...) et presse écrite (l'Usine Nouvelle ...) pour se faire entendre de tout le monde. Il est partout et veut que cela se sache. Il veut être incontournable, martèle inlassablement le même message pour démontrer que la réforme doit se faire avec la CFDT.

A moins que les leaders des deux premières confédérations syndicales se soient mis d'accord pour se partager le paysage médiatique et les messages à délivrer...

Source : Blog Les Dessous du Social, Marc Landré, 26.04.2010 (URL : http://blog.lefigaro.fr/social/2010/04/retraites-le-match-thibaultche.html)

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