samedi 3 octobre 2009

Après le vote irlandais, la menace tchèque

David Cameron, qui espère succéder à Brown, compte sur Vaclav Klaus pour l'aider à faire capoter le traité de Lisbonne.

Le dernier mot n'est pas dit. Après la réponse irlandaise de vendredi, le traité de Lisbonne a encore besoin du paraphe des présidents polonais et tchèque. En coulisses, un troisième homme attend son heure : le Britannique David Cameron, farouche eu­rosceptique. Il s'est juré de torpiller le renforcement de l'UE, s'il devient premier ministre au printemps, comme le promettent les sondages.

Le combat d'arrière-garde de Lech Kaczynski et Vaclav Klaus, malgré le feu vert des deux Parlements, a déjà fait une victime. La Suède, qui préside l'UE, a pratiquement renoncé à voir la Commission Barroso II formée sous l'empire du traité de Lisbonne. Ce qui soulève de délicats problèmes de transition et de continuité juridique.

Ce casse-tête pour constitutionnalistes n'est rien à côté du pacte destructeur noué par le président tchèque et le Prime Minister en puissance. La trame est connue, confirmée par une lettre adressée à Vaclav Klaus par David Cameron : le premier doit retenir sa signature jusqu'en mai, voire juin, le temps que le second, parvenu au 10, Downing Street, lance le référendum promis pour casser la ratification du traité par Londres (2008). «Si vous réussissez à tenir, vous me retrouverez aussitôt à vos côtés», écrit le chef des tories, cité par le Daily Mail.

L'état de l'opinion britannique laisse peu de doute sur l'issue d'une telle con­sultation. Reste à confirmer qu'un premier ministre Cameron aurait l'au­dace de dynamiter vingt ans d'ambitions européennes. Le scénario est loin d'être farfelu. Il donne des sueurs froides à Bruxelles. «À côté de Cameron, Maggie Thatcher était une aimable euro-fédéra­liste», ironise un responsable français.

Vaclav Klaus a crédibilisé le complot en suscitant, au Sénat, un énième recours contre le traité de Lisbonne. D'après Tomas Langasek, responsable à la Cour suprême, l'arrêt définitif prendra «quelques semaines, ou quelques mois». La perspective d'un nouveau délai avait déjà jeté un froid au dernier sommet européen.

Après le vote irlandais, la stratégie des Vingt-Sept - Tchèques et Britanniques compris - consisterait à faire monter la pression sur le locataire du château de Prague. «Si Vaclav Klaus s'amuse à tout bloquer, il y aura des conséquences, avertit Pierre Lellouche, secrétaire d'État aux Affaires européennes. Un seul homme ne peut pas bloquer la volonté de 500 millions d'Européens.»

Pour casser le cercle vicieux tchéco-britannique, l'une des hypothèses avancées est de priver Prague de son commissaire européen. L'ex-premier ministre Mirek Topolanek a agité l'hypothèse cette semaine, à l'issue d'un rendez-vous avec José Manuel Barroso. Cette punition nécessite l'unanimité des Vingt-Sept, Tchèques compris. À défaut, le Parlement européen pourrait aussi refuser son feu vert au candidat présenté par Prague.

Source : LeFigaro.fr, Jean-Jacques MEVEL, 02.10.2009 (à retrouver sur http://www.lefigaro.fr/international/2009/10/03/01003-20091003ARTFIG00152-apres-le-vote-irlandais-la-menace-tcheque-.php)

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