vendredi 7 mai 2010

Face à la crise financière, 4 scénarios possibles pour la zone euro

Tout est allé très vite. En quelques semaines, la crise grecque a fait vaciller l'ensemble de la zone euro. Quelle sera l'issue de cette situation inédite ? Certains scénarios, y compris ceux qui ont longtemps été considérés comme les plus "absurdes", semblent désormais plausibles.

Un plan de sauvetage à grande échelle. Si le risque de contagion se confirme, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) n'auront d'autre choix que d'intervenir. Mais l'Europe pourrait-elle assumer un serial bailout, un sauvetage en série de membres de la zone euro comme on l'évoque sur les marchés ?

Les sommes à mobiliser pour un plan d'aide élargi seraient colossales : 65 milliards d'euros pour le Portugal et surtout, 410 milliards pour l'Espagne, à débloquer d'ici à 2012, selon des calculs de Natixis. Mais la chancelière allemande, Angela Merkel, aurait sans doute de grandes difficultés à convaincre son opinion publique de voler au secours d'un autre Etat membre. Même si celui-ci, à l'instar de l'Espagne, était un modèle de vertu budgétaire avant d'être frappé par la récession.

Un geste exceptionnel de la BCE. Lundi 3 mai, la Banque centrale européenne (BCE) a pris une mesure d'urgence inédite en suspendant purement et simplement le seuil d'éligibilité des titres grecs acceptés en échange de crédits. En clair, elle est prête à accueillir en dépôt des obligations grecques étiquetées "pourries".

Certains analystes estiment qu'un autre geste, encore plus fort, n'est pas exclu de la part de l'institution de Francfort : la BCE pourrait par exemple acheter des emprunts d'Etat, à la manière de ce qu'avait fait la Réserve fédérale américaine (Fed) pendant la crise financière. Une rupture de dogme pour la banque centrale.

Des faillites en chaîne. Si l'Europe intervient trop peu, ou trop tard, l'hypothèse, jusqu'ici jugée insensée, du défaut de l'un des membres de la zone euro serait vraisemblable, soulignent de nombreux économistes. La défiance envers l'Etat serait telle que ce dernier, incapable d'emprunter sur les marchés, ne pourrait plus honorer ses dettes arrivant à échéance.

Ce scénario est la hantise des banques qui détiennent des titres de dette grecque, espagnole ou portugaise. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), après l'Allemagne, les établissements français sont les plus gros créanciers de l'Espagne avec 220 milliards de dollars (170 milliards d'euros) de dette en portefeuille.

Signe que le risque d'une telle déroute est pris au sérieux, les responsables de la coalition allemande (CDU, FDP) veulent demander à Bruxelles de réfléchir à une procédure de "faillite organisée".

Un éclatement de la zone euro. "L'apocalypse" de la zone euro est prophétisée par certains économistes. Il s'agirait d'exclure les membres de la zone euro qui n'auraient pas été à la hauteur des exigences du pacte de stabilité. La Grèce reviendrait ainsi à la drachme et l'Espagne à la peseta. En dévaluant leur monnaie, les pays pourraient alors regagner en compétitivité.

Mais les conséquences seraient si désastreuses, pour les pays exclus (endettement record, récession...) comme pour le reste de la zone euro, que personne ne l'envisage sérieusement en Europe.

Source : Le Monde, Claire Gatinois, Marie de Vergès et Philippe Ricard, 05.05.2010 (URL : http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/05/05/du-plan-de-sauvetage-geant-a-l-explosion-de-la-zone-euro-les-differents-scenarios_1346813_3234.html)

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