jeudi 17 septembre 2009

Dix bonnes raisons de renoncer au 3ème pont sur le Bosphore


Radikal* a demandé à Erhan Demirdizen, président de la chambre des urbanistes d’Istanbul, de donner dix arguments contre le projet de franchissement routier du Bosphore.

1 - Le passage du Bosphore n’est pas le principal problème d’Istanbul en matière de circulation. Seulement un sixième du trafic passe par là.

2 - Le tunnel de Marmaray et la ligne de métro qui le traversera est une meilleure solution dans la mesure où sa capacité (en nombre de passagers transportés) est bien supérieure.

3 - Si le pont est construit, le passage en voiture entre les deux continents sera plus facile et la circulation augmentera ! Si bien qu’il faudra immanquablement évoquer la nécessité d’un quatrième pont dans quel­ques années.

4 - Non seulement le pont ne résoudra rien, mais il coûtera très cher. Et, comme il doit être construit sur le modèle Build-Operate-Transfer – l’investissement est réalisé par un opérateur privé en échange de la concession de l’ouvrage, en général pour une durée importante –, ce sont les usagers qui, au final, le financeront sous forme de péages.


5 - Des terrains jusqu’ici difficilement accessibles, situés en bordure du nouveau réseau routier qui va accompagner le pont, vont devenir bâtissables. La ville va ainsi s’étendre vers le nord.

6 - Cette extension vers la mer Noire s’accompagnera inévitablement de constructions sauvages qui empiéteront sur les forêts.

7 - L’urbanisation de cette zone nord entraînera une augmentation de la population de la ville, les estimations allant jusqu’à 25 millions d’habitants si le pont est construit, ce qui rendra l’ensemble de l’agglomération stambouliote parfaitement invivable.

8 - Le nord du Bosphore, jusque-là relativement protégé, perdra son identité. (Cette région dispose encore de villages typiques et d’une architecture locale bien préservés.)

9 - Les rumeurs circulant sur le projet de pont auront entraîné une intense spéculation immobilière. Et, comme personne ne connaît précisément l’emplacement de l’ouvrage, un grand nombre d’endroits sont touchés.

10 - Aucun troisième pont n’est prévu dans le plan de développement urbain d’Istanbul établi dans les années 1990. Le plan voté en 1997 par la municipalité prévoit au contraire de donner la priorité au rail. Toutes les études concernant les transports urbains montrent que des investissements dans des lignes de métro de grande capacité sont indispensables.

Source : Radikal*, 27.08.2009 - traduction Courrier International numéro 982, rubrique "Écologie" (à retrouver sur http://www.courrierinternational.com/article/2009/08/27/dix-bonnes-raisons-de-renoncer-au-projet)

* Quotidien turc lancé par le groupe Milliyet en 1996 pour devenir le journal des intellectuels libéraux ; très critique envers l'action des gouvernements locaux et national.

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