mardi 23 mars 2010

À quoi ressemble un président de région français ?


Les élections régionales ont livré leur verdict, on connaît désormais les noms de ceux qui devraient diriger les 22 régions de France métropolitaine. A quoi ressemble le portrait robot de ces élus ?


Avant de commencer, notons que 20 des 22 présidents de région ont été réélus dimanche 21 mars, et que par conséquent le portrait robot du président de 2010 n’est pas très éloigné de celui de 2004, date du dernier scrutin, même si quatre ont changé en cours de mandat entre 2004 et 2010 (pour cause de décès ou autres). Autre précision, Paul Giacobbi, chef de liste de l’union de gauche qui s’est imposée en Corse, ne dispose pas d'une majorité absolue et devra attendre l'élection du président du conseil jeudi 25 mars pour être assuré de sa victoire.


Le président de région est (très) vieux


Le président de région a en moyenne 62,8 ans, soit bien au dessus de la moyenne d'âge des Français qui est de 40 ans, voire des députés (55 ans). Pour être gentils, on dira que cet écart s’explique par le fait qu’il faut avoir 18 ans pour être candidat à ce poste. François Bonneau (Centre) est le plus jeune président de région (56 ans), talonné de quelques jours pas Ségolène Royal (56 ans également). Le doyen des 22 élus est Martin Malvy (Midi-Pyrénées) du haut de ses 75 ans.


Le président de région est un homme


Les listes ont peut-être été mises au point dans le souci d’une plus grande diversité, cela ne se retrouve pas chez les têtes de listes gagnants: on compte seulement deux femmes parmi nos 22 présidents de région, Ségolène Royal et Marie-Guite Dufay (Franche-Comté), soit seulement 9%. La représentation des femmes à la tête des régions est encore pire que celle du Sénat, qui n’est pourtant pas un exemple de représentativité avec 21,9% de femmes, et qu’à l’Assemblée nationale avec 18,5%.


Le président de région a fait beaucoup d’études, il est professeur ou avocat

Sept de nos présidents ont fait Sciences-Po, tous à Paris sauf Jean-Jack Queyranne, qui est resté fidèle à sa région et a fait l’IEP de Lyon. Parmi eux, deux seulement ont continué la voie royale de la haute administration française en passant par l’ENA, Ségolène Royal et Jean-Paul Huchon. Neuf présidents ont travaillé dans l’éducation, que ce soit en tant qu’instituteur, professeur, principal de collège ou encore conseiller d’orientation. Comme souvent dans chez les élus, beaucoup ont étudié le droit ou ont pratiqué le métier d’avocat. Heureusement, François Patriat (Bourgogne) offre un peu d’originalité avec sa formation de vétérinaire. Mauvais élève de la classe, Claude Gewerc (Picardie) n’a «que» le bac et une première année d'étude supérieure en publicité.


Le président de région entame son deuxième mandat


Comme nous l’évoquions en introduction, la très grande majorité des présidents sont réélus. En moyenne, ils sont en poste depuis 6,4 ans. Le président de région type a été élu pour la première fois lors des dernières régionales en 2004 , et va donc entamer son deuxième mandat (ils sont dix dans ce ca là).


Le président de région n’est pas né dans la région qu’il représente

Seulement 8 présidents sont nés dans la région qu’ils représentent. La palme de l’éloignement revient à Ségolène Royal, née à Dakar. Claude Gewerc (Picardie) est l’autre président à être né à l’étranger : il est né dans un camp de transit à Bergen-Belsen, en Allemagne, au sortir de la guerre. Si la région qui a vu naître le plus de présidents est sans surprise l’Ile-de-France, centralisation oblige, avec quatre représentants, le Centre est un vivier plus improbable avec trois natifs. Comme le dit le slogan de la région, «Dans le Centre, c’est vous le centre».


Le président de région est blanc

Cette catégorie est illégale, les statistiques ethniques étant interdites en France. Pourtant, pas besoin de graphique ici: on ne retrouve aucun représentant des minorités «visibles» à la tête des 22 régions françaises. Le candidat noir du MoDem en Ile-de-France Alain Dolium, qui n’a recueilli que 3,98% des votes au premier tour, avait mis son échec sur le compte des médias, leur reprochant notamment de l’avoir enfermé dans les habits d’un «Obama français». Médias, partis, électeurs… qui est coupable? Quoiqu’il en soit, le constat est là: la France n’est toujours pas prête à confier une région métropolitaine à une «personne de couleur». Pour le président de la République, on repassera.

Source : Slate.fr, Rubrique Les Personnalités, Grégoire Fleurot, 22.03.2010 (à retrouver sur http://regionales2010.slate.fr/article/5455/portrait-robot-du-president-de-region/)


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