vendredi 13 novembre 2009

Innovation politico-juridique : les Chinois risquent désormais la détention administrative pour "plainte anormale"


Shenzhen est la première ville chinoise à prévoir des mises en détention pour "plainte anormale" et empêcher ainsi les habitants de porter leurs doléances en haut lieu – une pratique traditionnelle en Chine lorsqu’un administré estime que ses droits sont lésés et non pris en compte par les autorités immédiates. Désormais, les habitants de Shenzhen (zone économique spéciale de la province du Guangdong) risquent donc d’être mis en détention administrative, voire poursuivi pénalement, si leur façon de se plaindre auprès des autorités ne correspond pas aux nouveaux règlements fixés par la ville, rapporte le journal cantonais Nanfang Dushibao
. En cas de récidive, ils pourraient même être envoyés en centre de rééducation par le travail.

Les 14 comportements considérés comme anormaux par le gouvernement de Shenzhen sont détaillés par le quotidien. Ils comprennent le fait de porter sa plainte jusque dans les lieux sensibles comme la place Tian’anmen, le siège du gouvernement central Zhongnanhai, les ambassades étrangères, ou de distribuer des pétitions en criant des slogans, d’ériger des bannières, etc. Ce règlement précise aussi que les personnes qui organisent ou encouragent l’activité de se plaindre individuellement ou collectivement doivent être sévèrement punis.

Se plaindre auprès des autorités supérieures, est un mode d’expression particulière en Chine. Chaque année, un grand nombre des Chinois se lancent dans cette voie comme dernier recours. Le journal singapourien Lianhe Zaobao indique que ce nombre varie de 1 million à 1,5 million de personnes par an, mais que seulement 0,2 % des problèmes peuvent être ainsi résolus.

Source : Courrier International, Rubrique "Asie - Les Brèves", 13.11.2009 (à retrouver sur http://www.courrierinternational.com/breve/2009/11/13/shenzhen-invente-le-delit-de-plainte-anormale)

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