lundi 29 mars 2010

Les musulmans non pratiquants de Turquie sous pression


Les musulmans non pratiquants en Turquie subissent des pressions pour porter le voile, assister à la prière du vendredi et jeûner pendant le Ramadan s’ils veulent des emplois au gouvernement ou des promotions, selon ce qu’a constaté une étude.


Certains Turcs laïcs sont en train de changer leur mode de vie pour paraître en phase avec le parti islamique au pouvoir du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, selon l’étude réalisée par l’Open Society Institute et l’Université Bosphore d’Istanbul. L’étude, basée sur des entretiens avec 401 personnes dans 12 provinces turques, est la première à confirmer les craintes de certains Turcs laïcs que l’islam politique a une incidence sur leur vie. Nihat Ergün, un haut responsable du parti de Recep Tayyip Erdogan, a rejeté les conclusions du rapport, affirmant que le parti n’exerce pas de pression ou de discrimination envers les non-pratiquants. « Le portrait présenté dans l’étude ne reflète pas les réalités de la Turquie », a dit Ergun. « Même dans notre parti, nous avons des femmes voilées travaillant au côté de femmes non voilées et personne ne s’est jamais plaint de subir des pressions ». La recherche indique que l’islam politique conservateur semble avoir gagné en influence depuis l’arrivée au pouvoir du Parti Justice et développement de Erdogan en 2002 dans le pays à majorité musulmane mais officiellement laïque. La recherche donne plusieurs exemples de pressions exercées sur des femmes pour les inciter à porter le foulard islamique et de personnes battues ou réprimandées pour avoir fumé ou ne pas avoir jeûné pendant le ramadan. Certains propriétaires de commerces se sentent obligés de fermer pendant la prière du vendredi et beaucoup se sentent poussés à accomplir le pèlerinage à La Mecque, affirme le rapport. Le parti de Erdogan nie avoir un agenda islamique et cite comme preuve ses réformes de style occidental pour faire avancer l’accession de la Turquie à l’Union européenne. Plus tôt cette année, cependant, la parti a échappé de peu à la dissolution par le plus haut tribunal du pays pour atteintes au principe de laïcité. « Nous ne pensions pas que nous serions confrontés à un portrait aussi inquiétant quand nous avons entamé cette recherche », a déclaré le Prof Binnaz Toprak, qui a dirigé l’étude, au journal Hurriyet dans une interview publiée dimanche. « Ils doivent donner l’impression d’être proches du parti au pouvoir même si, dans leur for intérieur, ils pensent différemment. » Le porte-parole du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s’est refusé à tout commentaire sur le rapport.

Source : Jean-Marie Lebraud, Turquie News, 13.02.2010 (URL : http://www.turquie-news.fr/spip.php?article3614)

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